Du plus visible à l’invisible le plus intime, un
phénomène du temps conduit à faire inscrire sur soi un motif, un texte, une
image. Il y a à la fois dans cet acte de gravure, une sorte de reconnaissance
tribale, un besoin d’identification et aussi peut être le désir de créer, chez
le regardant, la possibilité d’imaginer le motif absent, parce que caché ou du
moins qui ne peut s’exposer au tout venant du regard quotidien. Bras et jambes
sont dans certains cas surchargés d’inscriptions et obligent le regardant à
s’approcher jusqu’à l’intime pour détailler la visibilité du motif ou des
motifs proposés. Sinon à qui est destiné le sujet proposé au regard ?
L’été
venant, le port des shorts, débardeurs et autres tongs nous donnent à voir une
exposition publique des chairs inscrites. C’est une déferlante saisonnière qui
dévoile de façon culminante l’importance du courant.
Mais à la
différence d’une mode vestimentaire ou capillaire, le tatouage s’inscrit dans
la durée. C’est en quelque sorte une mode à vie ou comment le passager devient
le permanent, du moins le temps d’une existence.
N’y a-t-il
pas, dans cette forme de durée, le désir Faustien d’une éternelle jeunesse et
quel pacte mystérieux se signe t’il avec ce qui s’inscrit dans la peau, voire
dans la chair du tatoué ?
Enfin, mais
pas pour finir, qu’est ce qui pousse autant de personnes, dans une même
période, à avoir la même démarche d’estampillage ?