jeudi 3 décembre 2015

Leurre



           Il faut être efficace, pragmatique, condensé et rapide. Ce ne sont pas des mots d’ordre mais des pratiques insidieusement répandues qui créent un mode de fonctionnement quasi obligatoire. Le teaser est un avatar de celles-ci pour le spectacle vivant. Théâtre, danse, marionnettes… Ne sauraient, du moins auprès de certains organismes, se passer de ces mini récits sensés représenter le spectacle, souvent en chantier, ou résumer en deux minutes l’ensemble du projet.
      L’organisateur se déplaçant moins, la conserve vient à lui. Il ne reste plus, dans le meilleur des cas, qu’à la repasser au micro-onde de la programmation et la servir chaude en cours de saison au risque de la trouver peu relevé ou sans grand rapport avec l’emballage.
     On peut imaginer ainsi la disparition du grand marché d’été du produit frais qu’est Avignon off, évitant ainsi déplacement, chaleur et mistral. Si tu ne vas plus à Avignon off , le teaser vient à toi, quitte à créer le très virtuel Avignon teaser off.
Une traduction possible de teaser est : leurre. Une sorte d’appât qui attire le poisson, l’organisateur et en conséquence le spectateur. Poussé à l’extrême, ce qu’à Dieu ne plaise il ne nous viendrait pas à l’esprit, un spectacle vivant ne dépendrait pas de ses qualités propres mais de l’habileté de sa réalisation filmique. De la forme supérieure au fond. En gros une forme innovante de pub, sous couvert de mise en forme artistique.

       Bref, tout cela c’est comme une soupe de légumes. Soit on l’achète en sachet avec ses jolis légumes en couleurs sur l’emballage, un coup de château La Pompe et l’on consomme l’eau chaud aromatisée, soit on prend le temps de faire revenir les légumes, on laisse mijoter l’ensemble dans un bouillon accommodé d’épices variés le tout cuisant à petit feu et l’on a alors des chances de se régaler.

mercredi 18 novembre 2015

La baie de Txingudi





      Avec un blog, on ouvre un espace d’écriture publique. Rien ne nous y oblige. C’est donc une responsabilité, relative mais réelle de proposer à la lecture sa prose aléatoire.
        Comment écrire, comme si de rien n’était, depuis vendredi dernier ? Toute écriture, si elle ne procède pas d’une analyse savante, émotionnelle ou factuelle des événements, ne semble relever que du futile. Cependant, ne pas écrire aujourd’hui en espérant le faire plus tard revient à attendre des jours soi-disant meilleurs ou plus propices, alors qu’ils seront simplement de par leur nature différents certes, mais porteurs de la même trace de mémoire.
      Entre sentiment de flottement, colère sourde, écoutes radiophoniques de paroles analysantes, cris de vengeance, stratégies militaro politiques, reprises d’activités quotidiennes, plaisir de rencontres entre amis, spectacles et expositions à découvrir on passe par des états divers, troublants, douloureux, nouveaux et en croisant des dérives inattendues.
        Voilà donc, une photo accompagnant traditionnellement les textes de ce blog. C’était le week-end dernier où des rendez-vous amicaux et artistiques nous réunissaient créateurs, comédiens et publics dans un cadre des plus agréables, mais si celui-ci fût en son temps le lieu de drames sanglants.

       La baie de Txingudi, loin de l’épicentre du carnage mais au cœur de ses tremblements.

lundi 9 novembre 2015

On the road to the Basque country (et retour)






            Il fut un temps où, pour reposer le moteur de la voiture familiale et étancher la soif des passagers, nous nous arrêtions à Labouheyre boire une limonade en route vers le Sud.
          Il y a longtemps que nous ne traversons plus ce village (on le contourne) et que nous ne buvons plus de limonade (jugée trop sucrée). Grâce aux aménagements modernes, l’aller-retour, Bordeaux – Bayonne peut se faire confortablement dans la journée et ce non-stop, si ce n’était l’âge et ses contraintes physiques. Le paysage est devenu un rien Texan, un peu dénudé, plus âpre où l’horizon a fortement reculé  au détriment des pins qui jadis en limitaient l’horizon. Et qui aurait prévu un Mac Do à la hauteur de Castets, quand on n’imaginait pas que l’on puisse manger non seulement un petit bifteck préalablement haché, mais qui plus est entre deux morceaux de pain souple au pays de la garbure et de la miche de cinq ?

            Mais de là à nous laisser croire que la Leyre pourrait devenir le Rio Grande, il y a un pas que nous ne franchirons pas ou alors seulement avec une paire d’échasses.

mercredi 4 novembre 2015

Carrelet sur la Dordogne


        




          C’est une pêche où rien ne prévient. Pas de bouchon qui pique du nez dans l’eau, pas de tintement de clochette signalant la prise possible, pas de fil se tendant prémices au traditionnel : « Ça mord ! »
         C’est une pêche de silence, d’attente, de disponibilité. On remonte le filet au bout d’un certain temps, que l’on pense juste, et l’on fait alors le constat du vide ou du plein.
La pêche au carrelet peut déboucher sur une grande joie à condition sans doute de ne rien attendre.

           À méditer.

vendredi 30 octobre 2015

L'actrice répète





            L’actrice interprète, elle donne à voir un personnage. Ses mains disent le tourment intérieur. Le regard grand ouvert recueille les informations possibles et dit sa surprise devant la situation révélée. La bouche entrouverte retient et mesure les paroles qui vont sortir.

            L’actrice travaille, elle répète, suivant l’expression partiellement juste. Peut-être un jour verra t’elle cette photo. Elle sera sûrement surprise de se voir, mais trouvera le moment où elle en était de son travail. La photo ne témoignera que d’un passé. Il lui faudra retrouver l’état sans ces mêmes points d’expression. Refaire et réinventer.

vendredi 16 octobre 2015

La voix de PSA





Le monde du sport, médiatisation et sponsoring aidant communique à tout va. Le sport spectacle a ses obligations. En conséquence, il n’est pas un jour, en cette période de « Coupe du monde de Rugby », qu’un ou plusieurs joueurs du XV de France ne viennent parler dans un discours formaté, du bon esprit du groupe, de la charge nécessaire de travail, des contraintes consenties ou des motivations sans failles, tant individuelles que collectives.
Mais il est un communicant en chef, Philippe Saint André, responsable légitime du groupe. Il est le sélectionneur dont la tache est à la fois d’informer, d’écouter, de répondre aux questions, de proposer des perspectives, de savoir faire son auto critique et d’être en même temps porteur d’un message à la fois confiant dans ses choix tactiques et raisonnablement optimiste quant à l’avenir. Or, la voix de PSA a cette particularité de sembler toujours à la limite de la rupture émotionnelle. On dirait que cet homme a le sanglot en fond de gorge et que les larmes pourraient surgir en fin de communication. PSA a sans doute l’argumentation qui correspond le mieux à son groupe en l’état actuel de sa composition. Je n’aurai pas la compétence pour contester le fond de son discours, mais sur la forme de son émission je m’interroge : trop de larmes potentielles ne jouent elles pas sur le moral des troupes ?
Guy Noves qui arrive de son Stade Toulousain vient sans doute avec une culture
 différente et une voix plus rocailleuse que ce soit du bord de touche ou au micro des médias. Quel communicant sera t’il dans un système de plus en plus médiatiquement exigeant ?
Le changement de voix entraînera t’il le changement de voie ?

mardi 13 octobre 2015

Vers la création



Cette photo fait partie d’une série de prises de vue consacrée au travail que le Collectif  Jabberwock consacre au thème de Peter Pan. Ce spectacle en devenir devrait s’intituler Une nuit pour bâtir un cri.

Après un premier travail aux Marches de l’été au Bouscat, ils viennent de terminer une résidence de trois semaines aux découvertes, le lieu du Théâtre des Chimères à Biarritz. J’ai grand plaisir à capter des images de ce chantier de création en cours.

mercredi 20 mai 2015

Photos en "Mai"

Quatre portraits d'acteurs en jeu issus de la présentation de seize photos de l'édition 2014 du "Mai du Théâtre" d'Hendaye. Photos visibles au chapiteau de Gaztelu Zahar du 21 au 24 Avril 2015.

"Mai" pour Mai

Le blog, peu bavard ces derniers temps, se réveille en images : présentation de 16 photos de l'édition 2014, dans le cadre de celle de 2015 du : "Mai du Théâtre" d'Hendaye. Soleil SVP !