Il faut être efficace,
pragmatique, condensé et rapide. Ce ne sont pas des mots d’ordre mais des
pratiques insidieusement répandues qui créent un mode de fonctionnement quasi
obligatoire. Le teaser est un avatar de celles-ci pour le spectacle vivant. Théâtre, danse,
marionnettes… Ne sauraient, du moins auprès de certains organismes, se passer
de ces mini récits sensés représenter le spectacle, souvent en chantier, ou
résumer en deux minutes l’ensemble du projet.
L’organisateur
se déplaçant moins, la conserve vient à lui. Il ne reste plus, dans le meilleur
des cas, qu’à la repasser au micro-onde de la programmation et la servir chaude
en cours de saison au risque de la trouver peu relevé ou sans grand rapport
avec l’emballage.
On
peut imaginer ainsi la disparition du grand marché d’été du produit frais
qu’est Avignon
off, évitant
ainsi déplacement, chaleur et mistral. Si tu ne vas plus à Avignon off , le teaser vient à toi, quitte à créer le
très virtuel Avignon teaser off.
Une
traduction possible de teaser est : leurre. Une sorte d’appât qui attire le
poisson, l’organisateur et en conséquence le spectateur. Poussé à l’extrême, ce
qu’à Dieu ne plaise il ne nous viendrait pas à l’esprit, un spectacle vivant ne
dépendrait pas de ses qualités propres mais de l’habileté de sa réalisation
filmique. De la forme supérieure au fond. En gros une forme innovante de pub, sous couvert de mise en forme
artistique.
Bref,
tout cela c’est comme une soupe de légumes. Soit on l’achète en sachet avec ses
jolis légumes en couleurs sur l’emballage, un coup de château La Pompe et l’on
consomme l’eau chaud aromatisée, soit on prend le temps de faire revenir les
légumes, on laisse mijoter l’ensemble dans un bouillon accommodé d’épices
variés le tout cuisant à petit feu et l’on a alors des chances de se régaler.